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janvier 1767

que les précédens. Il paraît avoir été fait avant sa translation à Xaintes. Même force, même énergie, même cri de l’innocence. Il attaque ici formellement M.  le comte de Saint-Florentin, et met dans le plus grand jour la conduite inique et barbare de ce ministre.

— Clairval, acteur de la Comédie Italienne, vivait depuis long-temps avec madame de Stainville : son mari, indigné du goût dépravé de cette femme, a obtenu un ordre du roi, et vient de l’enlever et de la conduire lui-même à Nancy. On a fait une descente chez l’histrion pour enlever lettres et portraits, si aucuns y étaient. On assure que la veille de son départ M.  de Stainville avait trouvé mademoiselle de Beaumesnil, de l’Opéra, sa maîtresse, entre les bras d’un jeune danseur, d’autres disent d’un officier aux gardes.

À propos de cette anecdote, on cite un bon mot de Caillot, camarade de Clairval. Ce dernier, assez inquiet de sa position, consultait l’autre sur ce qu’il devait faire : « Monsieur de Stainville, lui disait-il, me menace de cent coups de bâton si je vais chez sa femme. Madame m’en offre deux cents, si je ne me rends pas à ses ordres. Que faire ? — Obéir à la femme, répond Caillot, il y a cent pour cent à gagner. »

28. — Il est parlé dans les journaux, et surtout dans le Journal encyclopédique du 1er septembre, d’un Éloge de Louis de Bourbon, prince de Condé, surnommé le Grand, mis en parallèle avec Scipion l’Africain. Ce discours a été prononcé le jour de Saint-Louis, à la pension militaire de M.  l’abbé Chocquart, par M.  le comte de Mirabeau, fils de l’auteur de l’Ami des hommes. On voit que ce jeune aiglon vole déjà sur les traces de son illustre père, et l’anecdote devient précieuse par cette circon-