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MÉMOIRES SECRETS

M. Thomas a lu ensuite le quatrième chant d’un poëme épique auquel il travaille depuis long-temps, nommé la Pétréiade. C’est l’éloge de Pierre-le-Grand. Ce chant renferme son voyage en France, avec les licences que tolère la poésie. Le public a paru fort satisfait de cette lecture rapide. L’assemblée était très-nombreuse : la célébrité du récipiendaire avait attiré beaucoup de monde.

C’est dans cette même assemblée que MM. de La Harpe et Gaillard ont été couronnés.

24. — M.  de Silhouette vient de mourir à sa terre, le 20 de ce mois. Nous laissons de côté l’ex-contrôleur-général, pour regretter le philosophe, homme de lettres et d’esprit.

25. — M. Tercier, ci-devant l’un des premiers commis des affaires étrangères, de l’Académie des Belles-Lettres, vient de mourir. On peut se rappeler qu’il fut la victime de son indulgence d’avoir approuvé le trop fameux livre De l’Esprit de M.  Helvétius, et pour lequel le défunt a eu tant de chagrin[1].

27. — Il paraît depuis quelques jours, très-clandestinement, un nouveau Mémoire de M.  de La Chalotais, imprimé avec le même secret et tendant au même but

  1. Sa place de censeur lui lut ôtée. Comme il était commis des affaires étrangères, un plaisant fit ces couplets sur Helvétius et Tercier :

    Admirez tous cet auteur-là
    Qui de l’Esprit intitula
    Un Livre qui n’est que matière.
    Un livrLaire la,
    Un liLaire lanlaire,
    Un livrLaire la,
    Un liLaire lanla.

    Le censeur qui l’examina,
    Par habitude imagina
    Que c’était affaire étrangère.
    Un livrLaire la, etc,