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MÉMOIRES SECRETS

infirme et proscrit, qui n’a que son orgueil et sa renommée ?  »

9. — Les Comédiens Français ont reçu de M.  de Voltaire une nouvelle tragédie, qu’ils se disposent à donner après Eugénie ; elle a pour titre les Scythes.

10. — On sait que c’est M.  de La Harpe qui doit être couronné dans l’assemblée publique de l’Académie Française, le 22 de ce mois : c’est lui qui, au jugement de cette compagnie, a fait le meilleur discours sur le sujet proposé par le particulier d’Amsterdam[1], ayant pour objet, comme nous l’avons dit, d’exposer les avantages de la paix, d’inspirer de l’horreur pour les ravages de la guerre, et d’inviter toutes les nations à se réunir pour assurer la tranquillité générale.

M. Gaillard a balancé long-temps les suffrages, et l’Académie le voit avec regret rester sans récompense.

11. — M. de Voltaire, toujours universel et toujours jaloux de briller dans tous les genres, a engage M.  de La Borde à mettre son opéra de Pandore en musique.

12. — Le nommé Després Bouquerel, frère d’un négociant de Rennes, impliqué dans l’affaire de Bretagne, convaincu d’avoir écrit des lettres anonymes à M. le comte de Saint-Florentin, où, sans respect pour le ministère, il s’est livré à une déclamation indécente et très-criminelle, a été conduit à Bicêtre.

13. — Les souscriptions proposées par mademoiselle Clairon prennent la plus grande faveur : on ne se contente pas de donner un louis, il est ignoble de ne prendre qu’un billet. Quatre prélats, M.  le prince Louis, l’archevêque de Lyon, l’évêque de Blois et l’évêque de Saint-Brieux, se sont mis au rang de ces amateurs.

  1. V. 13 avril 1766. — R.