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MÉMOIRES SECRETS

histoire avec la plus grande impartialité ; si l’auteur vivait encore, nous ne nous vengerions de lui que par le silence ; mais comme ce qui s’est passé entre lui et nous n’était point relatif à ses talens, l’analyse que nous ferons de son livre ne doit avoir rien de commun avec sa cendre. » Ceci a trait à une tentative qu’avait faite M.  le chevalier de Méhégan pour s’emparer de ce journal, ainsi que nous l’avons rapporté autrefois[1].

21. — M.  La Grange, célèbre géomètre, que le roi de Prusse vient d’appeler de Turin, à la recommandation de M.  d’Alembert, pour remplir la place de M.  Euler, père, ayant été reçu à l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Prusse, y a prononcé le discours suivant :

« Messieurs, je ne vous ferai point un discours en forme pour vous témoigner ma reconnaissance de l’honneur que je reçois. La fatigue du voyage, et les occupations que j’ai eues depuis mon arrivée, ne m’ont encore permis aucune sorte d’application ; et d’ailleurs il me semble qu’on n’est guère en droit d’exiger une pièce d’éloquence d’un géomètre. Je me contenterai donc, Messieurs, de vous exprimer de la manière la plus simple et en même temps la plus vraie, les sentimens dont je suis pénétré à la vue de vos bontés, et je tâcherai de mériter ces bontés par mon attachement pour vous, et par mon zèle pour la gloire des sciences et des lettres que vous cultivez avec tant de succès. »

22. — On écrit de Genève qu’on vient d’y donner l’opéra-comique d’Isabelle et Gertrude, mis en nouvelle musique par le sieur Grétry, maître de chapelle de l’école romaine. On ne peut rien ajouter aux applaudissemens

  1. V. 30 mars 1763. — R.