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OCTOBRE 1765

Gévaudan, ou bien de celui de l’auteur. Voici le sommaire de ce merveilleux ouvrage : « Exposition des fureurs de la Bête. Digression très-curieuse sur la fête de la Gargouille, qu’on célèbre à Rouen. Réflexions sur la galanterie qui semble régner dans les démarches de la Bête. Portrait dudit Monstre. Réflexions utiles sur la cherté du bois, qu’il occasione. Description des chasses où on l’a manqué. Projet intéressant de faire un beau miracle à l’encontre de cette Bête. Conclusion. » Il ne reste qu’à citer quelques vers de ce poëme. L’auteur parle de l’abord du Monstre :


De certaine distance alors à quelques toises,
Par derrière, à la gorge, ou bien par le côté,
Qu’il attaque sans cesse avec rapidité,
Sur sa propre victime il va, court et s’élance :
Par lui couper la gorge aussitôt il commence.
(Monstre indéfinissable) il est d’ailleurs poltron.
De grande et forte griffe il a la patte armée, etc.

Il voudrait que le Monstre fût auprès d’Amiens, parce que


Notre digne prélat, par sa foi, par son zèle,
Nous en délivrerait avec juste raison,
Par le moyen du jeûne, ainsi que l’oraison ;
Sur le, cou de la bête appliquant son étole,
Il la rendrait plus douce à l’instant et plus molle,
Par un signe de croix, qu’une simple brebis.

Ce poëme, le plus plaisant qui ait paru depuis la fameuse tragédie du Tremblement de terre de Lisbonne, est de la composition de M. le bbaron de R…, gentilhomme de Picardie, et poète d’aussi bonne foi que le sieur André, perruquier[1].

  1. Cet article est emprunté au Journal encyclopédique du ier octobre 1765.</poem> — R.