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demande ses bontés. Blaise le Savetier a suivi, et l’on a fini par On ne s’avise jamais de tout[1]. Le premier n’a pas semblé si déplacé. Le jeu des acteurs occupe mieux le vide du lieu, mais cette gentillesse n’a pas fait le même plaisir qu’à l’ordinaire. On sent facilement qu’il faut d’autres organes et d’autres acteurs pour un local aussi différent. L’orchestre même s’est trouvé avoir dégénéré. Enfin, l’on augure mal de cette jonction.

4. — L’abbé Yvon, qui passait pour avoir contribué en grande partie à la thèse de l’abbé de Prades[2] et qui avait été comme enveloppé dans sa disgrâce, après dix ans d’exil reparaît enfin à Paris. Tous les matérialistes applaudissent au retour de cet illustre apotre.

5. — Le Journal Encyclopédique', peut-être aussi partial que les autres ouvrages de cette nature, mais au moins plus plein et plus intéressant, outre son chef ordinaire, M. Rousseau de Toulouse, vient d’acquérir pour conducteur à Paris M. l’abbé Méhégan[3]. Cet Irlandais, auteur de quelques opuscules romanesques, est surtout connu pour avoir rompu une lance contre l’auteur de l’Année Littéraire[4]. Puisse une belle ambition l’en-

  1. Ces deux opéras-comiques sont de Sédaine et Monsigny. — R.
  2. L’abbé de Prades avait soutenu en Sorbonne, en 1751, sans réclamation, une thèse où le matérialisme se découvrait de toutes parts. Enfin toutes les puissances séculières et ecclésiastiques s’élevèrent contre ces impiétés, et il fut flétri par arrêt du parlement. — L’opinion énoncé dans cet article se trouve confirmée par le témoignage de Naigeon dans ses Mémoires historiques et philosophiques sur la vie et les ouvrages de D. Diderot p. 160. — R.
  3. Guillaume-Alexandre de Méhégan, né à La Salle ; diocèse d’Alais, en 1721, mourut à Paris le 23 janvier 1766. Il était issu d’une famille irlandaise. — R.
  4. Dans un pamphlet intitulé : Lettre à M. de *** sur l’Année Littéraire et en particulier sur la feuille du 11 mai 1755.