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SEPTEMBRE 1765

l’auteur, a eu la bassesse d’applaudir, et la pièce s’est jouée avec un succès médiocre. On ne peut encore asseoir aucun jugement, vu les circonstances.

Il est d’autant plus étonnant que les Comédiens se soient portés à cette impertinence, qu’il leur faut la permission de la police. M. Marin, le censeur, ignorait ce projet, et se plaint amèrement d’une pareille audace. Les Comédiens Français sentaient si bien leur tort, qu’ils étaient habillés, tout prêts à jouer Phèdre, si le public eût témoigné son indignation.

3 Octobre. — Lettre aux auteurs de la Gazette littéraire, insérée dans celle du 15 septembre 1765. On y attaque fortement M. le bailli de Fleury sur quelques réflexions qu’il a insérées dans ses Nouveaux Mémoires, ou Observations sur l’Italie et les Italiens, par deux gentilshommes suédois. L’auteur de cette lettre paraît être un homme vain et fier de ses titres, qui, offensé des vues philosophiques de M. le bailli de Fleury, qui, se mettant au-dessus des préjugés, regarde comme plus utile à l’État un commerçant actif et industrieux qu’un noble pauvre et oisif, l’attaque vertement, et répand contre lui toute l’amertume dont est accompagné son orgueil.

4. — Il n’a fait que paraître un ouvrage intitulé Lettre d’un patriote à une personne de distinction, sur les affaires de Bretagne[1]. Le gouvernement en a ressenti les plus vives alarmes, et en a fait supprimer tous les exemplaires qu’on a pu trouver. Le contrôleur général, surtout, s’est élevé contre cet ouvrage, absolument destructif du système qu’il a voulu établir dans cette affaire.

5. — Il nous est tombé entre les mains un manuscrit

  1. Par Charette de La Colinière, conseiller au parlement de Rennes. Amsterdam, Aux dépens de là Compagnie. (Rennes, Vatar), 1765. — R.