Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/454

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
433
SEPTEMBRE 1765

cet ouvrage, assurément très-français, on ne peut qu’applaudir à l’intérêt qui y règne, à l’onction de l’écrivain, et à la pureté de son style. On pourrait reprocher à l’auteur d’y avoir jeté trop peu d’incidens et d’actions. Cette belle simplicité plaira peut-être davantage aux lecteurs qui aiment à réfléchir.

9. — Aujourd’hui les Comédiens Français ont remis au théâtre Adélaïde Du Guesclin, tragédie de M. de Voltaire. En 1743, cette pièce avait paru sous le même titre, et n’avait point eu de succès : le coup de canon, à ce que prétend l’auteur, la fit tomber. Ce grand poète, qui n’abandonne pas volontiers ses productions, remania cette tragédie, et la redonna en 1752 sous le nom du Duc de Foix ; elle prit mieux alors. Depuis le succès du Siège de Calais, dû tout entier aux noms français qui s’y trouvent, M. de Voltaire a jugé à propos de rapprocher de nouveau l’époque de sa tragédie, pour la rendre plus intéressante, et de la restituer sous les premiers noms. Cet arrangement lui a parfaitement réussi. Le succès a été complet : le coup de canon a fait le plus grand effet. La marche rendue plus rapide, l’intérêt plus pressant, un grand nombre de beaux vers ajoutés, des noms plus illustres et chers à la nation, tout cela, joint aux beautés dont l’ouvrage était déjà rempli, a transporté les spectateurs.

12. — Nous avons parlé[1] d’un Mémoire contenant des observations sur la disposition de la nouvelle église de Sainte-Geneviève ; production critique d’un nommé Desbœufs, qui prend le titre d’élève de l’Académie royale d’Architecture. Cette Académie, dans sa conférence du 19 août, après avoir examiné cette critique, a décidé

  1. V. 18 août 1765. — R.