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SEPTEMBRE 1765

— On a donné une suite aux Lettres sur les miracles. Elles sont à présent au nombre de huit, et forment ensemble une petite brochure d’environ soixante-quinze pages. Les deux premières sont incontestablement de M. de Voltaire et marquées à son cachet ; les autres sont vraisemblablement interpolées ; elles ne font que remâcher la même chose, et M. de Voltaire lui-même ne fait que répéter ce qu’il a déjà dit dans son Sermon des Cinquante, dans son Dictionnaire Philosophique, etc., et ce que tant d’autres avaient dit avant lui.

6. — La république des lettres et les arts regrettent un savant illustre et un Mécène peu commun en la personne de M. le comte de Caylus. Il est mort hier, âgé de soixante-treize ans, de la suite de ses infirmités qui le tourmentaient depuis long-temps. Il a conservé sa philosophie jusqu’au bout. On ne saurait croire de combien de livres rares et de choses curieuses il a enrichi la Bibliothèque du Roi et le Cabinet des Médailles. On lui doit une bonne partie de nos découvertes sur les antiquités égyptiennes ; il a fondé, à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dont il était membre, un prix pour ces recherches, et lui-même est l’auteur de divers ouvrages où les peintres et les sculpteurs trouvent beaucoup à profiter. Nous lui devons aussi l’invention de la peinture encaustique, ou en cire, dont M. Bachelier et d’autres artistes ont fait depuis un usage avantageux.

7. — Il est parvenu dans ce pays-ci une Lettre de M. le marquis d’Argence, brigadier des armées du roi, datée du château de Dirac, le 20 juillet 1765. Elle roule sur la Lettre indécente que le sieur Fréron s’est fait adresser, il y a quelque temps, par un philosophe pro-