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MÉMOIRES SECRETS

de le débarrasser des soins du temporel, pour que n’étant plus occupé dorénavant que du spirituel, il puisse en paraître plus respectable aux yeux des peuples…

« Ne me nommez plus, je vous prie, le nom de Montesquieu, parce qu’il m’arrache des soupirs. S’il vivait encore, je lui aurais fait des propositions, mais il m’aurait refusée… Son livre est le vrai bréviaire des souverains, j’entends de ceux qui ont le sens commun.

« Le roi de Prusse, ce grand prince, mon ami et mon allié, m’écrit des lettres dont chaque mot et chaque ligne mériteraient d’être imprimés ; mais il n’est pas encore temps pour cela. Nous traitons de nos affaires tout haut, parce que nous ne faisons point usage des fausses finesses qui gouvernent dans les autres cours.

« C’est avec raison que vous pouvez avoir été surprise des Manifestes, mais vous n’avez pas apparemment réfléchi, Madame, que je parlais à des Russes, et non pas à des Anglais. Pour vous contenter, j’ose vous promettre que vous n’en verrez plus de ma façon ».

12. — On fait l’Histoire de la maison, ville et duché d’Orléans. On doit trouver à la tête le portrait de S. A. S. Monseigneur le duc d’Orléans, avec ces vers remarquables :


Vous qui d’un œil surpris comptez dans cette histoire
VoTant de héros, d’exploits et de vertus,
VousSi vous doutiez, ne doutez plus,
VousCe prince vous les fera croire.

13. — Le retour de mademoiselle Dumesnil a mis les Comédiens en état de jouer aujourd’hui une tragédie. Ils ont donné Sémiramis. Le public est retourné en foule à ce spectacle, composé de gens de la plus haute dis-