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MAI 1765

M. Rousseau, et avait arrêté toute procédure ultérieure contre lui.

9. — Les Comédiens Italiens ont donné hier une pièce nouvelle, intitulée les Amours de Gonesse, comédie en un acte et en vers, mêlée d’ariettes ; les paroles de M. de Chamfort, et la musique de M. de La Borde. Le premier n’a point soutenu la réputation que lui avait faite la Jeune Indienne jouée aux Français. Le second est encore éloigné d’être sur la ligne des Philidor et des Duni. Il faut qu’il se contente de briller à la tête des amateurs.

10. — L’affaire des Comédiens est enfin terminée. Elle s’est traitée avec une importance qu’on ne s’imaginerait pas devoir apporter à la vilité des personnages. Dubois a paru demander sa retraite et l’a obtenue. On lui a accordé quinze cents livres de pension, quoiqu’il n’eût que vingt-neuf ans de service, et que, selon la règle, il en faille trente. En conséquence, pour ne point déroger à l’usage, il est encore censé au théâtre une année, et il jouira de sa part, quoiqu’il ne joue plus. On lui accorde en outre cinq cents livres de pension extraordinaire, comme ayant fait une élève, sa fille, ce qui est de l’étiquette. Les détenus en prison ont été élargis hier au soir.

11. — On voit ici les fragmens d’une lettre de l’impératrice des Russies, qui, joints à quantité d’autres traits, lui concilient les suffrages des philosophes et des gens de lettres. Elle s’exprime ainsi dans une lettre à madame de ***, pour qui elle a conservé l’amitié dont elle l’honorait autrefois.

« Si vous étiez ici, Madame, il n’y aurait d’autre distance entre vous et moi qu’une petite table. Mes ordonnances, relativement au clergé, n’ont eu pour but que