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MARS 1765

Ira-t-elle à la postérité ? Qu’en diront les journalistes ? »

31. — Histoire amoureuse de Pierre-le-Long et de sa très-honorée dame Blanche Bazu, écrite par icelui[1]. Tel est le titre d’un roman moderne, où l’on a voulu imiter la naïveté de Daphnis et Chloé. Cet ouvrage n’est pas sans mérite. Il est de M. de Sauvigny.

Ier Avril. — On peut se rappeler les vers du chevalier de Boufflers, insérés au 20 février dernier. M. le comte de Choiseul-la-Beaume ayant réprimandé le jeune seigneur au nom des dames de Lorraine, voici les vers par lesquels il a répondu[2] :


Je le connais trop bien ce dangereux Amour ;
Dès mes plus jeunes ans il reçut mon hommage :
Il n’est le plus souvent que l’ouvrage d’un jour,
Mais un jour ne peut pas détruire son ouvrage.
J’ai goûté ses douceurs et j’ai senti ses coups :
Je sais qu’il se nourrit de plaisirs et de larmes.
Je saVous ne connaissiez que ses charmes ;
Je saAh ! je le connais mieux que vous.
Je saLas des mépris, des inconstances
Je saDont furent payés tous mes soins,
Je saJe cherchai d’autres jouissances,
Moins pures, il est vrai, mais qui me coûtaient moins ;
J’eus recours, je l’avoue, à ces beautés faciles
Qui veulent de l’argent et non pas des soupirs ;
Elles ont essuyé, courtisanes habiles,
Les larmes de l’Amour par la main des Plaisirs.

  1. Londres (Paris), 1765, in-12. Ce petit roman, plusieurs fois réimprimé, l’a été en dernier lieu sous ce titre : Les amours de Pierre-le-Long et de Blanche Bazu ; Paris, Werdet et Lequien fils, 1829 (et non 1819, comme le porte le frontispice), in-32. — R.
  2. Ces vers font partie d’une lettre que l’on trouve, ainsi que ceux de M. de Choiseul, dans les Œuvres complètes de Boufflers édition Furne, tome I, p. 51-54. — R.