Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
367
FÉVRIER 1765

danger d’écrire encore dans un pareil âge, finit ainsi

C’est à vous, ô jeune Boufflers,
À vous, dont notre Suisse admire
Les crayons, la prose et les vers,
Et les petits contes pour rire ;
C’est à vous de chanter Thémire
Et de briller dans un festin,
Animé du triple délire
Des vers, de l’amour et du vin.


Réponse de M. le chevalier de Boufflers.

Je fus dans mon printemps guidé par la folie,
Dupe de mes désirs et bourreau de mes sens ;
DupeMais s’il en était encor temps
DupeJe voudrais bien changer de vie.
Soyez mon directeur, donnez-moi vos avis,
DupeConvertissez-moi, je vous prie :
DupeVous en avez tant pervertis.
DupeSur mes fautes je suis sincère,
Et j’aime presque autant les dire que les faire.
DupeJe demande grâce aux Amours :
DupeVingt beautés à la fois trahies
DupeEt toutes assez bien servies,
En beaux momens, hélas ! ont changé mes beaux jours.
DupeJ’aimais alors toutes les femmes :
DupeToujours brûlé de feux nouveaux,
Je prétendais d’Hercule égaler les travaux,
DupeEt sans cesse auprès de ces dames
Être l’heureux rival de cent heureux rivaux.
Je regrette aujourd’hui mes petits madrigaux,
Je regrette les airs que j’ai faits pour les belles,
DupeJe regrette vingt bons chevaux
DupeQue, courant par monts et par vaux,
DupeJ’ai, comme moi, crevé pour elles ;
DupeEt je regrette encor bien plus