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MÉMOIRES SECRETS

assez plat de donner la continuation de ce poëme[1].

16. — Le démêlé de Fréron avec mademoiselle Clairon fait grand bruit à la cour et à la ville. M. l’abbé de Voisenon ayant écrit, à la sollicitation des amis du premier, une lettre très-pathétique à M. le duc de Duras, gentilhomme de la chambre, celui-ci a répondu à l’abbé, qu’il aime beaucoup, que c’était la seule chose qu’il croyait devoir lui refuser ; que cette grâce ne s’accorderait qu’à mademoiselle Clairon seule. Ainsi le pauvre diable, à la honte de devoir son châtiment à mademoiselle Clairon, est menacé de joindre l’humiliation plus grande de lui devoir son pardon. Il dit comme le philosophe grec : « Aux Carrières plutôt. »

17. — Le Siège de Calais prend avec la fureur que nous avions annoncée ; le fanatisme gagne au point que les connaisseurs n’osent plus dire leur avis. On est réputé mauvais patriote pour oser élever la voix. L’auteur est regardé comme le Tyrtée de la nation, et les bas courtisans prônent avec la plus grande emphase une pièce qu’ils sifflent in petto.

18. — M. de Rosoy, l’auteur du Siège de Calais imprimé, vient de se ressentir de sa hardiesse d’avoir osé attaquer M. de Belloy dans sa préface : il est mis au Fort-L’Évêque pour les anecdotes qu’il y a débitées, et malgré le pair de France[2] auquel elle est dédiée.

20. — M. de Voltaire s’étant excusé dans une Épître à M. le chevalier de Boufflers sur sa vieillesse et sur le

  1. Il existe une Suite de la Pucelle d’Orléans, en sept chants, poëme héroï-comique, par M. de Voltaire ; trouvée à la Bastille le 14 juillet 1789 ; Berlin et Paris, 1791, in-18. Nous ignorons si cette continuation est celle dont parlent les Mémoires. — R.
  2. Le duc de Grammont. — R.