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JANVIER 1765

roman ordurier, dont des religieux sont les héros, la police a cru devoir réprimer cette licence, et l’auteur est à la Bastille.

11. — Un anonyme vient d’envoyer dans les maisons une brochure légère, intitulée : Arbitrage entre M. de Foncemagne et M. de Voltaire, au sujet du Testament du cardinal de Richelieu[1]. Cet auteur ne semble donner gain de cause à M. de Foncemagne sur un point, qu’afin de soutenir avec plus de vraisemblance l’opinion de M. de Voltaire, dont il paraît engoué. Il loue l’un et l’autre sur leur façon polie de s’attaquer et, de se défendre : il prétend que M. de Foncemagne a raison de regarder comme étant du cardinal, ou au moins comme avouée de lui, la première partie de l’ouvrage, qui contient une récapitulation des fastes du règne de Louis XIII. C’est là où se trouvent les ratures et les corrections de la main du cardinal ; le reste est l’ouvrage informe et mal digéré de l’abbé de Bourzeis, et ne porte en rien l’empreinte du génie de ce grand homme.

13. — Dans le grand nombre de chansons, pasquinades, bons mots, plaisanteries de toute espèce, auxquelles M. de L’Averdy est en butte, on distingue l’épigramme suivante, relative à une anecdote qu’il faut savoir.

M. le contrôleur général ayant indiqué un jour et une heure d’audience pour les receveurs généraux, au commencement de cette année, il les fit entrer et les reçut en bonnet de nuit et en habit noir. M. d’Ormesson, intendant des finances, était à la tête.

Sait-on pourquoi le contrôleur pédant
Ces jours derniers, avec un ris mordant,

  1. Cette brochure est de Voltaire. — R.