qui peuvent instruire des mœurs, du gouvernement, des usages et des personnages de la nation en état d’y jouer un rôle. Il est très-rare et prohibé sévèrement : la narration est froide et lâche.
12. — M. Rochon de Chabannes vient de faire un bouquet poétique d’une espèce neuve et agréable ; il est adressé à madame ***.
Lise, je t’offre un cœur, au beau jour de ta fête,
Dont tu vas dédaigner la frivole conquête.
C’est un jeune inconstant, un papillon léger,
Qui d’objets en objets se plaît à voltiger.
J’aime d’abord une femme fort sage,
Mais vertueuse avec aménité,
Qui ne sait pas de cette qualité
Se targuer trop, ainsi que c’est l’usage.
Comme à voir cependant de ces femmes de bien
Un amoureux n’avance rien,
Je vais lorgnant une beauté piquante
Dont la vivacité m’enchante,
Qui raisonne à ravir, déraisonne encor mieux,
Et déride mon front par maints propos joyeux.
Euterpe au même instant lui ravit la victoire :
Je ne puis résister aux chants les plus flatteurs,
J’entends sous ses doigts créateurs
Résonner la corde et l’ivoire.
Comme sa voix se marie à leurs sons !
Quelle douceur, quelle justesse !
Arrête, aimable enchanteresse,
Mon cœur se trouble à tes chansons.
Que dis-je ? un autre objet vient le rendre infidèle,
C’est toi, digne fille d’Apelle :
Que fais-tu ? quel mortel anime ton pinceau !
Ah ! si j’étais l’amant dont ton âme est remplie,
Et qu’Amour m’eût caché derrière le tableau,
Que promptement, écartant la copie,
Tu verrais, enivré des transports les plus doux,