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MÉMOIRES SECRETS

d’une pièce intitulée l’Orage pendant la nuit du 3 août 1761, on juge que c’est effectivement un génie très-poétique, mais destitué de goût et de cette philosophie qui est nécessaire même aux poètes. Au reste, cette femme doit tenir sans contredit un des premiers rangs parmi les improvisateurs.

14. — Dissertations sur Élie et Énoch, sur Ésope fabuliste, et Traité mathématique sur le bonheur[1]. On donne cet ouvrage pour servir de suite au Despotisme oriental. L’auteur, par une discussion très-savante, prouve que ces personnages ne sont que des êtres très-chimériques, ou du moins jette des doutes très-fondés sur leur existence.

16. — On parle beaucoup du mariage secret de mademoiselle Clairon avec M. de Valbelle, son amant intime. On prétend que cette actrice doit se retirer à Pâques, et que ce sera l’époque de la publication de son hymen. En attendant, elle a toujours en titre un Russe, qui se contente de lui baiser la main, et l’on assure que c’est ce qu’il peut faire de mieux.

C’est une fureur pour courir après l’estampe de cette célèbre héroïne ; on assure qu’elle a déjà fait cinq cents louis.

18. — Mademoiselle De Miré, de l’Opéra, plus célèbre courtisane que bonne danseuse, vient d’enterrer son amant. Les philosophes de Paris, qui rient de tout, lui ont fait l’épitaphe suivante, qu’on suppose gravée en musique sur son tombeau :


Mi. Ré. La. Mi. La.


19. — Les Italiens donnent depuis quelques jours[2]

  1. Dix-huitième siècle, in-12. — R.
  2. La première représentation est du 13 septembre. — R.