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AOUT 1764

y servir de preuve perpétuelle des vues de l’institut et des constitutions de la Société de Jésus#1.

9. — On lit dans le numéro 27 de la Gazette littéraire un sonnet de Crudeli, un des meilleurs poètes qu’ait eus l’Italie, et qui paraît avoir échappé aux recherches de ses éditeurs, puisqu’il ne se trouve dans aucun recueil de ses ouvrages. Il est si heureux et si naturel, qu’il mérite une distinction particulière. C’est une espèce d’épithalame. La virginité s’adresse à la nouvelle mariée :


Del letto marital questa è la sponda :
Più non lice seguirti : io parto : addio.
Ti fui custode dall’età la più bionda,
E per te gloria accrebbi al regno mio.

Sposa e madré or sarai, se il ciel seconda
L’Insubra speme, ed il comun desio ;
Già vezzeggiando ti carpisce, e sfronda
I gigli amor, che di sua mano ordio.

Disse, e disparve in un balen la Dea,
E in van tre volte la chiamo la bella
Vergine, che di lei pur anche ardea.

Scese fratanto, e sfolgorando in viso
Fecondità, la man le prese, e diella
Al caro sposo, e il duol cangiossi in riso.

TRADUCTION.


De ton lit nuptial s’entr’ouvre le rideau :
Il faut nous séparer : nécessité cruelle !
Tu perds de tous tes pas la compagne fidèle ;
De mon règne je perds l’ornement le plus beau.

[1]

  1. Une traduction de cet ouvrage, avec le texte en regard, a été publiée en 1764 sous le titre de Griefs de la Compagnie de Jésus contre la demande d’un nouveau supérieur pour gouverner les provinces de France. — R.