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JUILLET 1764

gueil. De cet accouplement naît un populo. De toutes parts s’empressent les courtisans pour rendre hommage au nouveau-né. Cela donne lieu à une procession, dans laquelle on passe en revue à peu près les mêmes personnages déjà célébrés dans les couplets[1] ; au moyen de quoi, cet ouvrage-ci n’a de nouveau que la forme. Il était susceptible d’être beaucoup plus piquant. Il faut convenir, à la louange de l’auteur, qu’il n’est pas méchant. Les vers, en général, sont assez bien frappés.

12. — Il court dans le monde un manuscrit d’un volume assez considérable, qui a pour titre la Religion, tragi-comédie en cinq actes et en prose, soi-disant traduite de l’anglais de M. R. par M. S. M… 1764. Dans ce prétendu drame sont personnifiés la religion, le fanatisme, la cruauté, l’imbécillité, la crédulité, la philosophie, l’ombre de Jésus-Christ, etc. Et l’on met en action ces êtres moraux avec aussi peu d’esprit que de sens. Il est d’autant moins dangereux, qu’il n’a point le charme séducteur d’une diction élégante[2].

13. — Outre les différens hommes qu’on cite comme concurrens à la production des Triumvirs, on ne s’attendait pas à M. Portelance, l’auteur d’Antipater. Après avoir fait cette pièce étant très-jeune, il avait paru abandonner la carrière dramatique depuis long-temps. Un amateur de la Comédie prétend lui avoir entendu lire, il y a trois ans, trois actes de cette même pièce et avoir reconnu la coupe et les situations.

14. — On parle depuis quelques jours d’un ouvrage qu’on attribue à M. de Voltaire : il a pour titre Diction-

  1. Voy. 31 décembre 1763. — R.
  2. Ce manuscrit fait aujourd’hui partie de la riche collection de pièces de théâtre de M. de Soleinne. — R.