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JUIN 1764

est que cette pièce est de M. de Chabanon, l’auteur infortuné d’Éponine. Ce bel esprit, brûlant d’une soif de gloire inextinguible, veut rentrer de nouveau dans la carrière. Après avoir éprouvé que l’éclat bruyant avec lequel sa première pièce s’était annoncée n’en avait point empêché la chute, il veut essayer si le parfait incognito lui sera plus favorable. Le Kain, à qui le profit en est abandonné, a seul le secret. Il doit y avoir une belle décoration, dont l’auteur a fait les frais.

24. — M. Jolivet, directeur du Journal de Trévoux, depuis l’expulsion des Jésuites, est mort ces jours-ci. Ce triste médecin avait jeté dans cet ouvrage une sécheresse, une insipidité, qui lui avait donné beaucoup de discrédit. Aussi grave, aussi raide que les premiers auteurs, il n’avait pas su y joindre une aménité de style dont le père Berthier parait son pédantisme. Un abbé Mercier, Génovéfain, s’est mis sur les rangs pour la continuation.

25. — Il paraît un roman en six parties, intitulé : L’homme, ou le Tableau de la vie ; Histoire des passions, des vertus et des événemens de tous les âges. On le donne pour un ouvrage posthume de M. l’abbé Prévôt. C’est un amas d’aventures bizarres, extraordinaires, fruit d’une imagination déréglée, et qui ne peut avoir été composé que dans les accès d’une fièvre brûlante[1].

26. — Il est arrivé ici, de Vienne, quelques exemplaires d’un livre intitulé Méditations chrétiennes[2]. Ce livre n’était point destiné à devenir public. C’est le fruit des retraites de l’auteur, qui édifiait une auguste famille par

  1. Cet ouvrage est d’un nommé Baret. — R.
  2. Par la princesse Élisabeth de Bourbon-Parme, femme de l’archiduc Joseph. Vienne, 1764, in-8o. — R.