Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
JUIN 1764

solée à Pise. Il a donné lui-même le dessin de ce monument, et a dicté son épitaphe, que voici :


Hic jacet Algarottus, sed non omnis.


On doit pardonner cette inscription peu modeste à un homme qui a aussi bien mérité de la littérature et des beaux-arts.

12. Un procès, porté au parlement de Bretagne, pour statuer sur l’état contesté d’un enfant né dix mois et dix-sept jours après la mort de son père, vient d’occasioner un Mémoire, signé de plusieurs habiles chirurgiens et rédigé par M. Louis. On y discute avec beaucoup de clarté et de précision les faits, les raisons et les autorités sur lesquels ou veut fonder cette possibilité. Il décide que le temps de la gestation, et le terme de l’accouchement dans toutes les espèces d’animaux, étant fixés par la nature d’une manière invariable, l’espèce humaine doit être soumise à ce même ordre, et que par conséquent tout accouchement qui passe le terme de neuf mois et dix à douze jours, ne peut être regardé comme naturel, et ne peut se faire sans danger pour la mère et pour l’enfant. Le Mémoire est profondément traité, et d’ailleurs est écrit avec toute l’élégance et la netteté que comporte le sujet.

13. — M. Villaret se défend vivement de l’imputation répandue dans le public qu’il était auteur du Mémoire lu par M. de Sully. Il prétend n’en avoir pas la moindre connaissance, et n’avoir même vu ce seigneur que pour combattre l’opinion établie dans ledit Mémoire : il se déclare d’un sentiment tout-à-fait opposé.

14. — Depuis quelques années, les Allemands marchent à grands pas dans la carrière de la belle poésie. MM. Hal-