Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
FÉVRIER 1764

suffire à un ouvrage abominable, où la licence et la méchanceté la plus atroce sont développées avec toute l’impudence dont il est capable.

Ier Mars. — Macare et Thélème, allégorie par M. de Voltaire, in-8o de huit pages. L’auteur, dans un mot de lettre à M. le duc de La Vallière, lui apprend que Macare signifie bonheur, et Thelème volonté, en grec. Si ce grand poète a voulu contraster avec les allégories de Rousseau, il a le dessous. Cette pièce est très-médiocre, et n’a ni la chaleur, ni la légèreté, ni le coloris des poésies fugitives de M. de Voltaire.

3. — On a donné aujourd’hui aux Français la première représentation de l’Amateur, comédie en un acte et en vers de M. Barthe. Un homme versé dans les arts revient d’Italie avec la manie des antiques. Un de ses amis se propose de lui faire épouser sa fille, qu’il n’a pas vue depuis long-temps. Il fait faire la statue de la jeune personne, lui fait donner tous les caractères propres à en attester la vétusté. L’amateur en devient fou et est fâché qu’on ne trouve plus de figures pareilles. Quand il est bien épris, on fait paraître la jeune personne, et il l’épouse. Ce drame, susceptible des détails les plus gracieux et de la plus douce poésie, est dénué même de ce faible mérite, et n’a que celui d’avoir été joué par des acteurs supérieurs.

8. — Blanche et Guiscard, tragédie de M. Saurin, après avoir ennuyé la scène pendant quelque temps, est actuellement imprimée. L’auteur ne dissimule pas l’obligation qu’il a à mademoiselle Clairon : c’est le pivot sur lequel roulent aujourd’hui toutes nos pièces modernes. Pour mieux célébrer cette héroïne, M. Saurin, en lui