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MÉMOIRES SECRETS

d’une main mercenaire ; il n’y a que les auteurs de la salle qui puissent avoir l’impudence de faire tête au goût général qui la réprouve invinciblement.

27. — On voit aujourd’hui avec étonnement la Gazette de France entamer les affaires des parlemens : elle rend compte, pour la première fois, des dernières séances des pairs en cette cour, concernant M. l’archevêque de Paris et l’expulsion des Jésuites. On en infère que le gouvernement avoue enfin cette grande entreprise. Il est ridicule de voir cette gazette parler brusquement d’une chose commencée depuis long-temps, sans en donner le précis : c’est une suite de la négligence et de l’impéritie avec laquelle on exécute cet ouvrage, le journal de la nation.

28. — M. Dorat, sentant son impuissance à mettre les héros en action, nous annonce qu’il se bornera désormais à les affadir dans des héroïdes élégiaques. Il en donne une nouvelle, intitulée Lettre de Zéila, jeune sauvage, esclave à Constantinople, à Valeourt, officier français : c’est une sauvage abandonnée par un Français qui l’a enlevée. Il y a long-temps qu’Ariane n’a rien laissé à dire sur ce sujet. Douze élégies semblables doivent se succéder ; mais, pour éviter la monotonie, l’auteur les entremêlera, par intervalle, de quelques ouvrages d’un autre genre.

29. — Le sieur Palissot, cet Aretin moderne, qui se donne, non pour le flagellum principum, mais pour le fléau des philosophes et des auteurs, vient de lancer dans le public un nouveau libelle intitulé la Dunciade ou la Guerre des Sots. C’est une imitation de celle de Pope, c’est-à-dire qu’avec beaucoup moins de mérite et beaucoup moins de droit, il s’est senti assez de fiel pour