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MÉMOIRES SECRETS

16. — On a donné aujourd’hui aux Italiens la prernière représentation du Rendez-Vous, comédie en un acte et en vers, mêlée d’ariettes. Les paroles sont de M. Légier, la musique de M. Philidor. Le drame ne vaut pas la peine qu’on en fasse mention. On voit dans la musique, le talent soutenu de l’auteur se fortifier, se nourrir, s’étendre, et acquérir de plus en plus de la vigueur et de la consistance.

— ""Éloge historique du cardinal Passionnei[1]. Ce prélat, mort au mois de juillet 1761, était né en 1682 : c’était un savant profond dans les antiquités et dans les discussions canoniques. Il a fait une Oraison funèbre du prince Eugène, très-applaudie dans son temps. Cet éloge contient beaucoup de recherches et de détails érudits. Le cardinal était associé étranger de l’Académie des Belles-Lettres, et bibliothécaire du Vatican. On désirerait dans cet Éloge plus de morceaux relatifs à la vie privée de ce prélat.

17. — Nous avons entendu lire aujourd’hui une tragédie manuscrite de M. de Rochefort : c’est une nouvelle Pénélope[2] traitée dans le goût de l’antique. Il a essayé de remplir les entractes d’une musique analogue au sujet, et il paraît avoir réussi ; du moins il donne matière à un grand harmoniste de développer toutes les richesses de son art. Le drame est très-simple, dénué de cet amour secondaire qu’y a introduit M. l’abbé Genest. L’auteur, pénétré de son Homère, en a tiré grand parti, et a inséré dans son drame tout ce qu’il a pu extraire de ce grand, poète.

  1. Par l’abbé Goujet. La Haye, 1763 ; in-12. — R.
  2. L’abbé Genest a fait jouer, le 12 janvier 1684, une tragédie de Pénélope, reprise plusieurs fois. — R.