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SEPTEMBRE 1763

ment le titre de Géorgiques françaises, qu’on attribue à l’éditeur.

20. — Il court dans le monde une Lettre manuscrite à M J.-J. Rousseau. On l’attribue à une dame qui joint aux grâces de la figure et de la jeunesse, celles de l’esprit et de la belle littérature. Elle rétorque ingénieusement contre cet écrivain quelques expressions, quelques façons de penser de cet auteur qui, isolées, paraissent fort ridicules ou fort impertinentes. Cette plaisanterie trop longue ne peut être placée ici.

21. — Le père Cérutti, Jésuite âgé de vingt-quatre ans, le fameux auteur de leur Apologie[1], est à Paris en abbé. Il part pour Avignon ; il travaille à une continuation de son ouvrage. Ses premières visites ont été chez MM. d’Alembert et Duclos ; ce qui a fait dire plaisamment à ce dernier, qu’on n’avait rien à craindre de ce Jésuite, que cette double visite valait une abjuration.

23. — Clovis, poème héroï-comique, avec des remarques historiques et critiques[2]. C’est le même plan que celui de Desmarets, allongé de plusieurs chants ; il est en vers de dix syllabes. On sent qu’il est traité d’une façon moins grave. L’Orlando furioso paraît avoir été le modèle de l’auteur, modèle qu’il n’a pas attrapé à beaucoup près. Il a parodié Desmarets, comme Voltaire a parodié Chapelain ; il n’est pas plus heureux dans cette imitation : il y a pourtant de la facilité et du pittoresque dans sa versification.

24. — M. de Lauraguais ayant écrit à M. de Voltaire pour lui faire part de son séjour à la citadelle de Metz, cet auteur a pris la chose en plaisantant. Il paraît ignorer

  1. V. 25 février 1763. — R.
  2. Par Lejeune. La Haye (Paris), 1763, 3 vol. in-12. — R.