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MÉMOIRES SECRETS

médecins qui raisonneraient comme elle. J’ai dit que je démontrerais que le réquisitoire est digne de toute censure, et je l’ai déjà fait ; mais tandis qu’on me menaçait de M. Omer de Fleury, je me suis senti indigné contre lui. Il m’attaquerait, lui, quand je devrais demander sa tête au parlement, c’est-à-dire aux chambres assemblées, pour avoir engagé la Grand’Chambre à la proscription de nos races futures, pendant qu’il faut que toutes les chambres soient assemblées pour juger un simple gentilhomme ? J’ai dit : je ne le crains pas ; mais, je vous demande, que faut-il faire ?

Enfin, quant aux vues que je ne fais que prêter évidemment à M. Omer de Fleury et à la Grand’Chambre, c’est que j’avoue qu’il me parut toujours très-désirable que les ministres des autels s’y consacrassent paisiblement. Me punirait-on parce que je suppose qu’un bon prêtre pourrait dire la messe sans que cela tire à conséquence ? se réserve-t-on encore le droit de me persécuter en chasuble ?

Quoi qu’il en soit, je ne sais comment on a tourné tout cela ; mais on m’a dit que la reine criait contre moi. Je me jette à vos pieds, et bénis vos grandeurs, parce que j’admire l’usage que vous en faites. Parlez à madame la comtesse de Noailles ; daignez me parler, et je vous entendrai comme Elie ; car hier j’ai senti qu’ainsi que lui vos baisers feraient revivre un mort : vous êtes fait pour tous les miracles.

22. — Il se répand des Remontrances du Parlement de Rouen du 16 juillet 1763, au sujet des édits et de la déclaration enregistrée au lit de justice dernier. Elles sont de l’éloquence la plus mâle, la plus onctueuse et la plus vraie. Ce morceau, joint à celles de Paris, anté-