qu’il aurait dû accepter, et que le gouvernement même aurait pu lui insinuer l’utilité dont il nous aurait été dans cette cour. Mais M. d’Alembert a-t-il les talens nécessaires pour l’éducation d’un prince ? est-ce un politique, un homme fait pour vivre auprès des rois ? C’est un Diogène, qu’il faut laisser dans son tonneau.
17. — On continue à parler du Saül de M. de Voltaire, comme d’un tissu d’impiétés rares, d’horreurs à faire dresser les cheveux. Cette tragédie est toujours très-recherchée et très-peu répandue ; elle ne court que manuscrite.
Ce poète infatigable varie sans cesse ses travaux. On parle de son Œdipe corrigé, dont il a tout-à-fait retranché le rôle de Philoctète. Il a retouché aussi sa Mariamne.
20. — Madame la duchesse d’Aiguillon se met sur le rang des auteurs. Elle a traduit de l’anglais des poésies erses, dont les journaux ont rendu un compte très-avantageux[1]. Le Journal étranger en avait parlé le premier ; celui des Savans l’a fait ensuite, et s’étant servi des mêmes réflexions et presque du style du premier, celui-ci réclame contre le plagiat, et crie vivement au larcin. Ce dégoût l’avait presque mis dans le dessein de discontinuer ; cependant il prend une nouvelle vigueur, et il va en paraître deux volumes pour continuer l’année dernière, qui n’est pas encore à la fin.
23. — On a fait un mauvais couplet sur la réforme et sur les Jésuites.
Capitaines qu’on réforme,
Et qui partout publiez
Que c’est injustice énorme
Qu’on vous ait ainsi rayés,
À tort chacun de vous crie :
- ↑ Carthon, poëme traduit de l’anglais ; Londres, 1762, in-12. — R.