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JANVIER 1763

vous. Vous ne vous prêtez point aux instances du roi de Prusse, et à la reconnaissance que vous lui devez. Mais ce prince n’a point de fils. J’avoue que l’éducation de ce fils me tient si fort à cœur, et vous m’êtes si nécessaire, que peut-être je vous presse trop. Pardonnez mon indiscrétion en faveur de la cause, et soyez assuré que c’est l’estime qui m’a rendue si intéressée.

Caterine.

P. S. Dans toute cette lettre, je n’ai employé que les sentimens que j’ai trouvés dans vos ouvrages. Vous ne voudriez pas vous contredire.

21. — On parle beaucoup du livre de l’Éducation publique ; on le cite avec le plus grand éloge ; et, quoiqu’il ne soit plein que de vues saines et d’une philosophie sage et usuelle, on l’attribue à M. Diderot[1]. C’est un plan très-bien fait et très-détaillé de la marche à suivre dans les études. Il entre à merveille dans les vues du parlement, et remplit le projet demandé[2].

22. — Aujourd’hui s’est faite la réception de M. l’abbé de Voisenon, avec toute l’affluence qu’on devait attendre. Son discours était plein d’esprit, quelquefois précieux, plus poétique qu’oratoire ; les images vives, brillantes, mais peu neuves. Il a traité de la façon la plus agréable les avantages réciproques que les grands et les gens de lettres ont trouvés à se rencontrer ensemble.

  1. Naigeon ne l’ayant pas compris dans l’édition qu’il a donnée des Œuvres de Diderot, il y a tout lieu de croire qu’il n’est point de ce philosophe. Cependant Grimm, qui devait être bien informé, dit qu’il se peut que Diderot ait vu le manuscrit, et qu’il y ait mis quelques phrases. Barbier, dans la seconde édition de son Dictionnaire des Anonymes, pense qu’on peut avec quelque vraisemblance l’attribuer au professeur Crévier. — R.
  2. V. 13 septembre 1762. — R.