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OCTOBRE 1762

au petit nombre, ou le Procès de la multitude[1], et pour épigraphe : « Ajax ayant été mal jugé entra en fureur, et prit un fouet pour châtier ses juges, » passage tiré d’un auteur phénicien cité par Bochard. Le reste de l’apologie répond à l’insolence du texte. C’est une espèce de libelle contre le public. Rien de plus impudent et de plus fou. L’auteur finit par citer des vers de M. Le Brun a sa louange ; il lui en rend à son tour, et il dit, dans le corps de l’ouvrage, que ce M. Le Brun est le Pindare français. Il est déshonorant pour la littérature de lire des extravagances pareilles.

20. — On renouvelle les plaintes faites depuis longtemps contre Fréron. On trouve ses feuilles absolument vides : elles ne sont pas même soutenues par le sarcasme si à la main de ce journaliste et si agréable aux lecteurs. Ses amis lui en ont fait reproche ; il se défend, et prétend qu’il ne peut plaisanter le moindre grimaud du Parnasse, qu’on ne le mulete à la police, qu’on ne le sabre, qu’on ne le mette en pièces : il gémit fort de cette inquisition.

22. — Il y a eu hier spectacle sur le théâtre de la cour à Fontainebleau ; on y a joué Psyché, ballet charmant en un acte. Le roi en a été si satisfait qu’il a demandé à le revoir. Les paroles sont de M. l’abbé de Voisenon, sous le nom de Mondonville, qui en a fait la musique. Il faut le distinguer d’une autre Psyché, tragédie de La Fontaine, et musique de Lully.

23. — Le bruit court que l’impératrice de toutes les Russies a écrit à M. Diderot pour l’inviter à se rendre à sa cour : on prétend que M. d’Alembert a reçu les mêmes offres[2].

  1. 1762, in-12. — R.
  2. V. 20 janvier 1763. — R.