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ci-devant dit de Louis-le-Grand. Cette cérémonie s’est faite par l’attouchement, suivant l’usage. Elle a été suivie d’un Te Deum en action de grâces, et d’une grande messe. Ensuite s’est faite l’ouverture des classes, où le principal de Lisieux et les professeurs ont été installés. MM. les commissaires du parlement présidaient à ces différentes cérémonies. Le tout s’est terminé par une harangue du régent de rhétorique de Lisieux : elle roulait sur la rhétorique. Il a tiré l’augure le plus heureux de la nouvelle transplantation ; il a fait entendre à MM. du parlement qu’elle se faisait sous leurs auspices, et que sans doute ils protégeraient ce nouvel établissement.

5. — Il court une caricature où l’on représente MM. de Voltaire et Rousseau, l’épée au côté, en présence l’un de l’autre, faisant le coup de poing. Au bas est un dialogue en vers entre ces deux auteurs. Le poète demande au philosophe pourquoi il l’a critiqué si durement. Il lui fait des reproches sur sa bile trop amère. L’autre répond qu’il est en possession de dire la vérité envers et contre tous. Enfin la querelle s’échauffe. Rousseau gesticulant des poings, Voltaire lui reproche de ne pas se servir de son épée en bon et brave gentilhomme. Celui-là prétend que ce sont les armes de la nature. Telle est la substance de cette conversation, où tous deux sont tournés dans le plus parfait ridicule, quoique en très-méchante poésie.

6. — Le Philosophe prétendu[1] est une pièce médiocre ; elle est fort bien écrite, point d’absurdité ni de choses saillantes. Il y a peu d esprit ; l’intrigue en est simple ; elle ne peut faire ni grand honneur ni grand déshonneur à son auteur, M. le comte de Coigny, dont

  1. Comédie en trois actes et en vers, jouée pour la première fois au théâtre de la Comédie Italienne, le 6 octobre 1762. — R.