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l’aréopage comique : il est question de trouver un mezzo termine à cette contestation naissante.

20. — On a fait aujourd’hui capture de différentes éditions de livres prohibés. On en a arrêté une du Contrat Social venant de Versailles ; une autre de la suite du Colporteur : on prétend même qu’on en a arrêté une des Trois Nécessités. On regarde cependant ce dernier livre comme chimérique.

La suite du Colporteur est intitulée : Almanach des gens d’esprit, par un homme qui n’est pas sot. On peut juger du livre par le titre. Il est aussi de Chevrier.

23. — On ne cesse de faire des perquisitions du Contrat Social. Un nommé de Ville, libraire de Lyon, vient d’être arrêté et conduit à Pierre-Encise. On a trouvé chez lui une édition qu’il faisait de ce livre.

26. — M. Goldoni, avocat de Venise et auteur d’un Théâtre, s’est transporté ici pour concourir au bien-être de la Comédie Italienne. Il travaille à présent pour elle. Ses Caquets, traduits par M. Riccoboni, ont eu un succès étonnant, et ses compatriotes espèrent tirer un grand parti de son séjour auprès d’eux. Il doit rester deux ans. Il était assez habile avocat, et travaillait beaucoup. La métromanie l’a emporté.

27. — On confirme l’aventure de M. Racine[1] qui n’ira pas plus loin, à ce qu’on assure ; il colorait sa demande du prétexte de la charité : il voulait faire des aumônes de cet argent. On prétend que les Comédiens se sont moqués de lui, et que cette restitution irait de 30 à 40,000 livres.

28. — Lettre à M. D***, sur le livre intitulé Émile, ou de l’Éducation par J.-J. Rousseau, citoyen de Ge-

  1. V. 19 septembre 1762. — R.