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AOUT 1762

7. — Il paraît un Nouvel Appel à la Raison[1]. C’est un libelle des plus atroces et des plus furieux. C’est un enragé, qui dans son désespoir ne connaît plus ni frein ni bornes. Cet auteur est fort pour les péroraisons. Celle de ce livre-ci est très-pathétique. Les Jésuites désavouent celui-ci ; ils vendent le premier chez eux, et l’adoptent comme une production émanée de leur sein.

8. — On doit donner demain aux français une comédie nouvelle intitulée les Deux Amis, en trois actes et en prose. Elle est tirée du conte de La Fontaine qui porte le même titre. Un nommé Dancourt, acteur de province, en est auteur. C’est celui qu’on appelle l’arlequin de Berlin, qui s’est avisé de rompre une lance contre Rousseau[2].

Enfin le dernier coup est porté aujourd’hui à la Compagnie de Jésus. La Société est dissoute : ses membres sont exclus pour jamais de l’éducation de la jeunesse, à moins qu’ils ne prêtent un serment dont on leur donnera le formulaire. Cette époque est d’une grande importance dans la littérature.

9. — Jamais on n’a joué sur les boulevards une parade plus obscène, plus grossière, plus impertinente que

    ici sur cette lettre de Voltaire est contradictoire avec ce qui sera dit dans les articles des 13 décembre 1762 et 13 mars 1765. Nous aurons plus d’une fois à signaler de semblables contradictions. — R.

  1. Bruxelles, Van Den Berghem, 1762, in-12. M. Barbier attribue cette seconde partie à l’abbé de Caveirac, connu par son apologie de la Saint-Barthélemy. — R.
  2. Dancourt, né vers 1725, mort à Paris le 29 juillet 1801, a répondu à la Lettre de J.-J. Rousseau à d’Alembert par une apologie du théâtre intitulée : L. H. Dancourt, arlequin de Berlin, à J.-J. Rousseau, citoyen de Genève ; Amsterdam, 1759, in-8o. L’unique représentation des Deux Amis eut lieu le 9 août. Cette pièce n’a point été imprimée. — R.