— Grâce, grâce, dit-elle, pour l’amour de Dieu ; si vous savez quelque chose de mon mari ou de mon enfant, dites-le moi dites-le moi tout de suite.
Le prêtre la releva avec bonté.
— Ce n’est pas moi, lui dit-il, qui va vous donner ces renseignements, mais c’est un sauvage et sa femme que je viens de rencontrer ; ils vous cherchaient. Leur permettez-vous d’entrer ?
Au signal convenu, Jean Renousse et sa femme s’avancèrent dans la chambre ; Madame St.-Aubin le reconnut, elle courut à lui et lui pressant les mains fortement :
— Est-il possible, Jean, lui dit-elle, que vous m’apportiez des nouvelles de mon mari ou de mon enfant ?
— De l’un et de l’autre, répondit celui-ci d’une voix tremblante d’émotions. Mais d’abord, Madame, remettez-vous un peu, car la joie et le bonheur peuvent quelquefois être fatals ; c’est à ma femme de commencer le récit.
— Oh ! parlez, parlez, dit Madame St.-Aubin en s’adressant à l’indienne, voyez comme je suis calme à présent. Et ses membres tremblaient, en disant cela, d’un mouvement convulsif.
Alors l’indienne lui raconta comment l’enfant avait été sauvée du naufrage, comment elle avait été reconnue par Jean Renousse, et comment ils en avaient pris soin.
— Et mon enfant, ma chère petite enfant, puisqu’elle n’est pas dans vos bras, elle est donc m… elle n’osa achever.
— Elle est vivante, madame, reprit la voix émue du prêtre, elle est dans les bras de son père, et les voilà tous deux qui viennent se jeter dans les vôtres.
À ces mots, M. St.-Aubin et Hermine se précipitèrent l’un dans les bras de son épouse, l’autre dans les bras de sa mère. Le prêtre avait compris que prolonger plus longtemps cette scène d’attente eût été dangereux pour la raison de Madame St.-Aubin. Dépeindre les impressions des acteurs et des spectateurs de cette scène serait les affaiblir dans le cœur de nos lecteurs.
Quelques jours après ces événements, on voyait M. St.-Aubin avec sa famille, Jean Renousse et sa femme, entrer dans la chaumière du pauvre pêcheur qui avait recueilli Madame St.-