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caractère aventureux, et il a préféré la vie libre et mouvementée du ranchero. Il est aujourd’hui dans un ranche, au pied des Montagnes Rocheuses, entre Fort McLeod et Calgary.

C’est à La Malbaie que le juge Routhier a fait ses débuts dans la magistrature. C’est aussi dans cet endroit charmant qu’il passe la belle saison, au milieu de sa famille, qui l’aide à rendre inoubliables les heures passées chez lui. Sa villa blanche émerge d’un bouquet d’arbres verts. De la vérandah, où il savoure la joie de vivre en plein air, sous un ciel presque toujours souriant, sa vue se délecte et se repose sur un panorama ravissant. À gauche, les Laurentides profilent leurs sommets découpés en arêtes vives sur le fond du ciel, pour s’abaisser ensuite en pentes rapides vers le fleuve, où elles forment cette succession de promontoires, étonnement du voyageur. En face, le fleuve, qui fuit vers les horizons sans bornes, infinis comme l’océan. À droite se détachent, dans des demi-teintes, les côtes de la rive sud, souvent cachées par le brouillard, mais quelquefois rapprochées singulièrement de La Malbaie par un curieux effet de mirage. La mer est au premier plan du tableau. Le poète sent ici son âme en harmonie avec cette grande nature, et c’est, sans doute, en écoutant le battement cadencé des flots, que M. Routhier a modulé ses vers les plus harmonieux.

A. D. DeCELLES.
Ottawa, 15 avril, 1891.