Page:Day - Individualisme d’harmonie chez Han Ryner, 1963.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Individualisme d’harmonie




« Essayer de dire ce que nous avons de commun, n’est-ce pas négliger précisément ce que nous avons de précieux, ce qui nous fait amis, autrement que des amis »
Han ryner.
1er avril 1919. La Mêlée.


Quiconque se réjouit d’être en la compagnie d’un sage, ne peut ignorer que la sagesse est individuelle, que celui qui la propose ou l’expose, ne peut être qu’individualiste.

Han Ryner est donc un individualiste, c’est-à-dire qu’avec vous et moi, il dit que l’homme est une réalité, qu’il incombe à celui qui parle de l’humain de tenir compte de cette entité positive fondée et authentique, en face des fantômes qu’ont bien voulu nous présenter les doctrines et théories qui prônent la seule valorisation sociale, collective ou étatique.

Nous aurons le loisir par la suite, de préciser cet individualisme, de nous expliquer sur les rapports qu’il entend entretenir avec les monstres ou les beautés des régimes qui se réclament l’honneur et le droit de nous imposer leurs volontés prétentieuses et arbitraires.

Mais déjà, laissons Han Ryner nous dire ce qu’est l’Individu :


« L’individu est un être complexe, indéfinissable. Or, seul l’individu possède quelque chose qui puisse être appelé sans trop de mensonge l’existence. Donc, comme le savaient déjà les philosophes cyniques, rien de réel, rien de concret n’est définissable. Les nécessités de la pensée, de la parole, de la science, de l’action nous ploient à faire comme s’il y avait du définissable. Consentons en souriant à l’inévitable. Mais n’oublions jamais longtemps que nulle parole ne saurait nous dire le fond d’un être, même mon propre fond et que nulle pensée, quelque bonne volonté et quelque sympathie qui l’animent, ne pénétrera le fond d’un autre. Nos plus belles, nos plus fortes, nos plus pénétrantes vérités se glorifient, modestement, d’êtres des mensonges moindres. Plus je m’efforce de saisir le concret, plus mes formules deviennent complexes et hésitantes, plus je m’irrite de ne les pouvoir faire assez souples et mouvantes. Quand je prononce des mots absolus, je sais que je parle dans l’abstrait et que je parle du vide. » [1]

  1. La Mélée — libertaire — individualiste — éclectique. 1er août 1919.