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La nature l’avait façonné, à sa guise ; elle en avait fait un Wallon fier, avide d’indépendance autant que d’originalité. Puis un sort funeste l’avait exilé, là-bas, « chez les Flamands », avait accumulé les entraves sur sa route, avait heurté de toutes les platitudes de l’existence son âme assoiffée d’idéal.

Lui, il s’était laissé ballotter au gré de sa lamentable destinée. Puis, il avait essayé de lutter ; il avait été vaincu. Il était sorti du combat, fatigué, veule et malade. Il ne serait jamais, aux yeux du monde, qu’un déclassé, qu’un raté !...

Ah ! si du moins, Dieu lui avait laissé la santé, il aurait accepté la vie triste et bête ; il aurait travaillé pour Yvonne et pour l’enfant, qu’elle allait bientôt lui donner...

Mais, non ; pas même cette concession !...

Sa femme et les vieux le trouvaient, alors, pleurant des larmes amères, inconsolable.

D’autres fois, il s’illusionnait sur la marche du mal, qu’il croyait soudain enrayé, se figurant qu’il allait se rétablir, parlant de retourner à Anvers, de reprendre ses occupations.

Rêve insensé ! Le dépérissement s’accentuait