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du vallon. D’un versant à l’autre, en cette terre accidentée, les bruits se répercutent, alanguis, affinés : le sifflement strident de la locomotive, remorquant le convoi qui s’engouffre dans un tunnel, puis, dans le lointain, un roulement monotone et indéfini ; les abois des chiens de garde ; les hôlements lugubres des chouettes ; le vol effaré des chauves-souris ; le grincement d’une porte qu’on ferme et qu’on verrouille ; le chant berceur d’une chute d’eau.

Le silence même n’est pas le silence. C’est un bruissement doux, c’est le susurrement composite, délicieusement subtil et symphonique, – oh ! combien grandiloquent ! – de toutes les voix de la terre et des eaux, dont la vie reste intense, tandis que l’homme et les animaux reposent...

Jacques suivait lentement le grand chemin, s’abandonnant tout entier à l’enchantement de la soirée. Yvonne songeait à l’avenir.

Ils parlèrent peu durant le trajet. Ils côtoyèrent la Burdinale. Ils passèrent près du vieux moulin ; la roue dormait.

Enfin, ils se trouvèrent à l’entrée du Prâle.