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qui successivement moururent d’amour pour elle ! Les pères tremblaient pour leurs fils, qu’étreindrait, peut-être, quelque jour aussi, une folle passion pour cette inhumaine. Ce devait être une sorcière, qu’on ne pouvait connaître sans aimer, qu’on ne pouvait aimer sans mourir...

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A cette époque, revint, à la cense du Hapsain, le fils de « la grande Fresée », ayant achevé son terme de service militaire.

Robert – ainsi s’appelait-il – avait vingt-cinq ans. Il était beau, d’une beauté mâle, ayant su marier à sa force d’enfant du plein air une élégance acquise rapidement durant le temps qu’il avait passé loin de Marnève. Il avait pleuré, disait-on, en quittant sa tunique et ses galons de sous-officier.

J’ai dit, n’est-ce pas, que le fermier du Haspain était l’homme le mieux fait de Hesbaye : grand, blond avec des cheveux fins qui se frisaient et auréolaient sa tête sculpturale, au front élevé, aux yeux fouilleurs et hardis. Il avait eu des succès dans sa vie de soudard. Il avait passé l’âge