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EMMANUEL DELBOUSQUET


M. Emmanuel Delbousquet est né le 27 avril 1874, à Sos, arrondissement de Nérac (Lot-et-Garonne) en pays d’Albret, aux confins des grandes landes de Gascogne et de l’Armagnac.

« Mon père, nous écrit-il, est issu d’une vieille famille du Bas-Quercy : les de Fénelous, dont une branche fut, en 1848, appelée de Fénelous du Bosquet, ou plutôt, en dialecte quercinois : Delbousquet, du nom de sa propriété. Mon grand-père paternel garda ce nom seul, après l’avoir longtemps accolé à celui de Fénelous. Ma mère est de souche mi-paysanne, mi-bourgeoise du pays landais. Dès mon enfance, au cours des déplacements de mon père, alors fonctionnaire, en Agenais, en Quercy, en Languedoc, j’ai ressenti une étrange souffrance à m’éloigner du pays natal. Plus tard, au petit séminaire de l’Esquile, à Toulouse, je fus en proie à des crises de nostalgie telles que je passais des heures, hypnotisé devant une carte de géographie où j’avais dessiné les limites naturelles de ma région. Les marges de mes livres étaient pleines d’esquisses de forêts de pins et de chênes-liège, de silhouettes de chevaux sur la bruyère. Le seul mot « lande » m’émouvait aux larmes. Adolescent, ce fut de même. Je coupai un jour, à l’aide d’un couteau, les traits du cheval qui devait m’emmener vers la station de chemin de fer, au sortir des grandes vacances. Ma sensibilité vraiment maladive, quand l’obsession du pays devenait intense, me valut de cruelles crises nerveuses. »