Né à Béziers, le 1er novembre 1847, M. Léopold Dauphin a surtout écrit de la musique et des ouvrages didactiques, notamment, en collaboration avec Marmontel, le fameux solfège qui se trouve sur tous les pianos de débutants. C’est seulement en 1897 qu’il se décida, sur les instances de son ami Stéphane Mallarmé, à quitter un temps l’autel d’Euterpe pour celui de Polymnie. Son premier recueil, Raisins bleus et gris, parut précédé d’un « avant-dire » de son parrain, le poète d’Hérodiade. « Léopold Dauphin, expliquait laborieusement Mallarmé, ne traite la versification en tant que complément à son spécial don mélodique, ainsi que doit l’essayer tout compositeur aujourd’hui et produire une écriture spacieuse, discrète de livret : non, il ferme sur le vol des inspirations frémissantes, d’abord son piano, ou reploie le trop d’aile ; et, usant de droits, avec plus de caresse dans le rythme qu’un autre ou la diaprure assortie mieux des timbres, victoire, innée, que nous obtenons après étude, vise directement au chant parlé, tel qu’une intégrité résulte ou poème pur : il dispose, souriant, des accords d’image très exacts et relatifs à l’émotion. » Ce qui signifie, si je ne m’abuse pas sur ce langage « ésotérique », que M. Dauphin, poète-musicien, a un instinct très sûr du rythme, un art original d’orchestrer les images et un sens mélodique varié du vers. La couverture de la plaquette était ornée d’un joli dessin dû aux deux filles du poète, Jane et Madeleine Dauphin, qui ont épousé, l’une, M. Franc Nohain, l’autre, M. Adolphe