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COMTESSE MATHIEU
DE NOAILLES


La comtesse Mathieu de Noailles, née de Brancovan, est issue d’une antique maison de guerriers et de politiciens, la maison valaque des Bibesco. Elle a vu le jour à Paris, le 15 novembre 1876. Son enfance s’est partagée entre Paris et la Haute-Savoie, en son château d’Amphion, sur les bords du lac de Genève.

Après une crise de mysticité qu’elle subit à quinze ans, l’événement intellectuel de son adolescence fut la découverte de la philosophie de Taine. Sa vocation s’affirma de très bonne heure : Vers sa dixième année, raconte-t-elle, elle vit venir en visite à Amphion, à quelques jours d’intervalle, un prince régnant et Frédéric Mistral : elle vénéra, adopta Mistral et négligea le prince. C’est seulement en 1901, après son mariage, qu’elle publia son premier livre le Cœur innombrable, depuis longtemps déjà achevé. Puis parurent l’Ombre des jours, un nouveau volume de vers ; la Nouvelle Espérance, le Visage émerveillé, la Domination, trois romans, et enfin un troisième volume de vers : les Éblouissements. Nous ne parlons ici que du poète. Elle eut immédiatement des détracteurs passionnés et des admirateurs fervents : mais pour tout esprit non prévenu, son génie est incontestable.

Ce qui caractérise surtout son œuvre et ce qui frappe le plus fortement à la première lecture, c’est un sentiment de