Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
LIONEL DES RIEUX


Arles.


J’ai consulté Tavèn et ses magiques rhombes ;
Le ruban de velours qui pressa tes cheveux,
Ni ta guimpe froissée entre ses doigts nerveux
N’ont su lui révéler à quel mal tu succombes.

De l’arbre obscur essore un clair vol de colombes :
Qu’ainsi ton sombre cœur me décèle tes vœux ;
Ah, parle ! comme au soir de nos premiers aveux,
Quand la lune avec nous s’est assise à ces tombes.

— Elle a fermé les yeux et gémi doucement ;
Et, tandis qu’elle pleure aux bras de son amant,
Il comprend son silence en se taisant comme elle.

Mystérieux Amour ! regarde : sans remord
Dans l’un des noirs tombeaux il la renverse et mêle
Cette vivante chair aux cendres de la mort.

(La Belle Saison.)