Lyon, où il naquit en 1862, fut pour M. Paul Mariéton, selon l’heureuse expression de Roumanille, la porte de soie et d’or s’ouvrant sur les lumineuses vallées rhodaniennes, sur la vieille terre gréco-latine. Il fit d’abord partie de la Pléiade lyonnaise dont Joséphin Soulary était le chef écouté, mais de bonne heure il connut Frédéric Mistral, qui signa le contrat d’adoption de M. Paul Mariéton par la Provence. « M. Paul Mariéton, a dit un de ses meilleurs biographes, M. Gabriel Boissy, a un leit-motiv à ses propos, à sa vie : Mistral. Cet homme représente à son imagination harmonieuse le modèle d’art et d’existence lyrique. Il représente aussi l’individualité provençale — langue et pays — dont il a fait sa Dame. » Et tel les mystiques de l’Occitanie médiévale, il l’a célébrée dans un livre ardent et pieux, la Terre Provençale, qu’Anatole France appelle de ce petit nom d’amitié « la vie chantante ». La vie de M. Paul Mariéton est intimement unie aux fastes du Félibrige dont il est le « chancelier ». Il a organisé les fêtes de la Cigale et guidé Sarcey, Henry Fouquier, Clovis Hugues vers le pays du soleil. Il est, depuis 1888, « chorège » du théâtre romain d’Orange, l’ancêtre de nos mille et un théâtricules de plein air. Il a fait communier le peuple provençal avec l’âme maternelle de la Grèce sous les espèces de Sophocle et d’Euripide, il a ramené la tragédie française vers la terre gréco-latine, nourrice de ses premières racines, il a ouvert les portes cyclopéennes du Mur aux ambitions des écrivains tragiques du Midi.