le nom de ces discutables artistes. L’Ermitage, le Mercure de France, la Plume, la Vogue, les grandes revues de jeunes sont occupées par les symbolistes. Les écrivains provinciaux sont hésitants, ils cherchent une direction, ils appellent un prophète, ils se demandent avec anxiété : « Exoriartur aliquis ? » C’est l’heure des essais de formules, l’heure bruyante des manifestes. La jeunesse « intègre et résolue » de Toulouse fonde une revue, l’Effort, qui eut pour principaux rédacteurs Emmanuel Delbousquet, Marc Lafargue, Maurice Magre, François Périlhou, Jean Viollis. L’école parallèle de Perpignan met en avant deux noms : Pierre Camo et Henry Muchart. Le groupe de Béziers, qui eut pour organes l’Aube méridionale et le Titan, est composé de MM. Ernest Gaubert, Pierre Hortala, Henry Rigal, Marc Varenne. Les tentatives de réaction contre le symbolisme recrutent dans le Midi leurs premiers adeptes. Le naturisme, érigé en doctrine, dont M. Maurice Le Blond fut le théoricien et M. Saint-Georges de Bouhélier l’hiérophante, s’agrège quelques-uns de nos écrivains qui, antérieurement à la fondation du groupe, étaient des naturistes, MM. Henry Bataille, Francis Jammes et, plus récemment, Delbousquet.
Tandis que l’on travaillait dans la paix de la victoire — le faune mallarméen ayant été repoussé par les naïades du Rhône — sont nés à la vie littéraire quelques poètes, MM. Abel Bonnard, Charles Derennes, Emile Despax, Louis Payen, André Tudesq, qui n’ont pris rang dans aucune école. Un ouvrage documentaire ne peut omettre leur nom, car ce sont de fort habiles artistes littéraires, maîtres en l’art de peindre la pensée et d’ordonner les images. Certes, ils sont loin de ressembler à l’imprudent Ulysse qui but dans la coupe des sirènes l’oubli de la patrie et du foyer