guère — doit être considéré comme une colonie antique. Et le génie de l’Hellade maternelle est notre palladium !
Mistral est un survivant des Grecs des Cyclades et un petit-fils du divin Mantouan. « Les mêmes Muses et les mêmes Charités, a dit excellemment M. Anatole France, ont regardé Virgile et Mistral. » Le poète bucolique et épique de Mireille, l’ardent lyrique des Iles d’Or a été le rénovateur de l’esprit classique, celui qui ramena dans les esprits le soleil exilé. Il possède la sagesse équilibrée, la libre hardiesse, le nombre et la mesure, toutes les vertus intellectuelles de l’hellénisme et du génie latin. Au contact de son œuvre lumineuse et forte, les nouveaux venus à la littérature ont réappris le souci de la forme claire et harmonieuse. Il a fondé la grande école provençale du Félibrige. Il est le père du groupe rhodanien qui annonça par la voix de M. Louis Bertrand, le puissant romancier du Sang des Races, une renaissance classique et qui compte dans son sein MM. Joachim Gasquet, Léo Larguier, Paul Souchon, Lionel des Rieux, Paul Mariéton.
Parallèlement à ce bataillon sacré conduit par l’Orphée provençal, les groupes provinciaux et les jeunes revues ont défendu âprement le génie de notre race contre les entreprises du symbolisme. Ils sont nés au moment où Paris se débattait dans les affres de l’anarchie littéraire : des parnassiens las et stériles, des symbolistes balbutiants en l’âge premier de leur réaction contre le Parnasse proposaient à la jeunesse leurs enseignements. Les revues groupent alors bravement autour d’elles les jeunes poètes de nos provinces, qui sont malheureusement incapables de fonder une doctrine définitive. Ils connaissent bien l’œuvre de Mistral, mais Paris quémande leur adhésion en leur adressant