Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

INTRODUCTION


Voici un harmonieux groupement, une sorte d’histoire naturelle des poètes. Dans la plupart des anthologies, les rhapsodes, usant d’idiomes différents, se côtoient sans se connaître et sans s’aimer. Ce florilège régionaliste offre l’attrait presque inédit de réunir des écrivains de même lignée, ayant les mêmes aïeux intellectuels, régis par une discipline en quelque sorte ethnique, nés, comme les hommes créés par Deucalion, d’une même terre. Nous célébrons en ce jour les Panathénées de la poésie méridionale.

Lamartine saluait en ces termes l’avènement glorieux de Mireille : « Un grand poète nous est né. La nature occidentale n’en fait plus, mais la nature méridionale en fait toujours : il y a une vertu dans le soleil. » La vérité de ce jugement reste entière. Abondance en deçà du Rhône et de la Garonne, pénurie au delà, peut-on dire encore aujourd’hui. Si l’on excepte Henri de Régnier, Charles Guérin, Albert Samain et quelques autres, si l’on observe que l’enfance de Paul Verlaine s’est écoulée à Montpellier, si l’on annexe aux poètes cités dans ce recueil les écrivains méditerranéens, comme