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LES DEUX PAPINEAU

colonie. Ces hommes si fougueux, et si acharnés contre les droits du peuple, ne voyant pas d’autre théâtre que celui qu’il leur offrirait, et rencontrant des compétiteurs dans la chambre d’assemblée, auraient des motifs d’agir d’après leur pleine conviction et de concourir dans tout ce qui serait bon ; tandis qu’aujourd’hui ils ont des motifs de semer la dissension. Et cela est d’autant plus vrai, qu’étant dans un pays nouveau, nous recevons des gouverneurs qui n’ont que de deux rôles l’un à jouer : s’ils ont des talents et des lumières, l’orgueil des Européens qui les environnent, fiers de cette qualité, comme s’ils emportaient toutes les lumières et tous les progrès de la nation qu’ils quittent, les corrompt bientôt. Quelle en est la récompense ? Portés dans les conseils, ces gens ont des intérêts contraires à ceux du peuple, et dès lors le gouvernement devient difficile et désavantageux pour le peuple. Si au contraire il se trouve un gouverneur ignorant et qui demeure dans l’inaction, bientôt le peuple le méprise, et se demande s’il n’est ici que pour s’engraisser.