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LES DEUX PAPINEAU

dernier et le plus grand de sa génération, il refusait de plier sous le poids des années. « La mort le trouvera ce qu’il aura été pendant près d’un siècle, » disions-nous il y a quelque temps ; « certains hommes sont comme les pyramides : le temps ne peut les entamer. »

Il y a de cela un an, et c’est déjà fait ! Quelques pieds de terre couvrent les restes de cet homme chez qui la vie semblait se plaire.

Au premier glas qui annonça la fatale nouvelle, la patrie tressaillit dans son cœur, on aurait dit qu’on lui arrachait une partie d’elle-même. Elle se transporta par la pensée dans cette douce retraite de Montebello qu’il a immortalisée, et là, dans une chambre tendue de noir à demi éclairée par une pâle lumière, elle reconnut le corps inanimé d’un de ses plus nobles enfants. Elle se rappelle ce qu’il avait fait pour elle, et elle pleura.

Elle se le représenta depuis le jour où il recueillit des mains tremblantes de son illustre père le drapeau national, jusqu’à