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LES DEUX PAPINEAU

de la Chambre pour vivre d’une manière digne de sa position et de sa réputation et faire honneur aux étrangers qui le visitaient, et cependant, il n’a jamais fléchi devant le pouvoir ; il n’a jamais hésité à risquer ses moyens d’existence pour défendre les droits de ses compatriotes.

Les discours écrits que M. Papineau nous a laissés ne donnent pas une idée exacte de son éloquence et de l’effet qu’il produisait sur la chambre et les masses. À l’exemple de beaucoup d’orateurs, M. Papineau est un médiocre écrivain ; son style diffus, rempli d’incidences interminables, qui se croisent et se débattent avec fracas, rend la lecture de ses écrits peu agréable. Il était essentiellement orateur, improvisateur ; il lui fallait l’action, la lutte, l’imprévu, le peuple ou ses députés pour auditoire, pour mettre en jeu toutes les ressources de son éloquence et faire vibrer les cordes harmonieuses de son âme.

Lorsque, laissant subitement le fauteuil présidentiel, il s’avançait au milieu de l’enceinte législative, et de sa voix vibrante, de