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LES DEUX PAPINEAU

On a fait le même reproche à M. Lafontaine et aux autres chefs du mouvement. Tout en tenant compte des circonstances qui semblent justifier leur conduite, nous dirons, cependant, que tous ceux qui ont laissé le peuple à la merci de leurs ennemis, après l’avoir exposé au danger, ont montré plus de prudence que de dévouement.

Le capitaine dont le navire est en feu, n’a qu’un parti à prendre en face du péril, qu’il en soit responsable ou non : c’est de lutter jusqu’à la fin contre l’élément destructeur et de quitter le pont de son navire le dernier de tous. Le général, dont les paroles ont enflammé ses soldats, n’a pas le droit de les abandonner, parce que leur intrépidité les aura entraînés au-delà des limites qu’il leur avait tracées.

Les chefs du Bas-Canada auraient dû, dit-on, rester au milieu de ceux que leur exemple avait soulevés pour les arrêter, si c’était possible, ou combattre et mourir avec eux. Qui sait, d’ailleurs, si le danger ou la crainte de faire tomber leurs têtes n’aurait pas sauvé celles de leurs compatriotes ?